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  • Fin

    NGC 581 a fermé ses portes. La nébuleuse étend ses filaments au-delà d'autres aurores boréales. La constellation continue son chemin ailleurs. Il convient de se taire face à l'immensité de l'Univers, de retrouver l'innocence des premiers âges. Les incessants rebonds sur l'océan se sont mués en fantômes de sel. Le soleil a étiré ses rayons pâles. La poésie a donné jusqu'à ses plus profondes racines. Les mots sont devenus autant d'images projetées sur l'écran de nos nuits. La longue suite douloureuse s'est transformée en un vaste espoir pour d'autres horizons. Rêvons maintenant à d'autres voyages, à d'autres écumes. Imaginons d'autres continents, d'autres retours vers la montagne. Le voile violent du monde aura eu raison de notre enfance salée. La longue litanie des années se sera perdue dans les recoins du ciel. Ah ! la rage des existences meurtries, dans l'obscurité continue de la nuit ! Il y a tant de mondes et de continents ! Alors, tout reprendre à zéro. Avec de nouvelles racines. L'arbre sera toujours ici, éternel, même lorsque nous aurons disparu de cette terre ! Alors, les champs infinis du ciel ! Les coraux que nous extrairons de l'océan primitif ! Ce n'est pas grand chose d'être soi... mais tant d'hommes avec nous ! La longue attente des mots qui se pressent... mais rien ici sans toutes les âmes du monde ! Je reçois la détresse de l'homme debout dans les champs de Siam. Je reçois la désespérance du paysan du Bangladesh, la douleur des hommes meurtris par la guerre et celle de tous les génocides. Ma pauvre existence ! Ma pauvre âme ! Ma pauvre gueule de bois dans les matins brumeux. Ma pauvre gueule d'artiste planqué derrière son maquillage à la télé ! Finalement, quoi de l'agitation, de nos prestations liquidées dans la crasse de l'Histoire, ma gueule béante dans les fumiers du monde ? Je vends ma gueule au plus offrant. Je brade mes neurones gratis dans les bars et le vomi. Je suis à la rue ! Je vous demande l'aumône ! Je suis nu, je suis en haillons ! Allons, quoi... je vais bien finir par fermer ma gueule ! Je vais bien finir par la voir cette foutue nuit sans étoiles ! Pas ici. Pas maintenant. La nuit est toujours noire. Il y a toujours les arbres, les oiseaux, le soleil.