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  • Critique, par Philippe Leuckx

    Daniel Brochard : « L’éternel recommencement »

     

    Trente-cinq poèmes, de bord de mer, de villégiature triste, à se remémorer les meilleurs moments comme les instants amers de flottement, quand les autres s’imposent et pèsent machinalement. L’air de mer est acide, les notations elliptiques, ironiques, constats de courses, examen des humeurs, observation des usages aux Sables de Talmont.


    Daniel Brochard, pour ce huitième recueil, tempère cependant les vers neurasthéniques (il se sait, le dit, le confesse, insiste, malade) d’une plongée dans le feu de longs vers construisant le réel à coups de sondes, de vacheries, de regards en biais, le moraliste pointe souvent le bout du nez dans cet univers léché, où la « boule de vanille » coûte vraiment trop cher.


    Il faudrait « connaître le terme du voyage ». Il serait utile de vivre mieux. « On fait semblant d’aller bien », lâche-t-il. « Pourquoi s’être tant abîmé sur les rochers ? »


    La vie use, s’use, et la poésie renâcle, il faut sans cesse l’alimenter, et Brochard n’est pas en reste pour deviner sous la carapace du réel toutes nos errances : entre vanité et amertume, entre fatigue de saisir le monde et de le voir s’envoler sans nous.


    « Le temps n’est qu’une minute pathétique » : le mot de la fin, toutefois, vise, comme le titre l’annonçait, sans doute parodiquement, ou selon l’âme voltairienne, « l’éternel recommencement ». Il faut bien se donner des gages de vivre.

     

    (Daniel Brochard : « L’éternel recommencement », éditions du Petit Pavé, coll. Le Semainier, 2018, 58 pages, 8€.)
     
    Cet article est de Philippe Leuckx et a été publié sur le site de la revue Texture : http://revue-texture.fr/
     
     
    Catégories : Lectures Lien permanent