Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Un port de pêche...

Un port de pêche, en fin d’été. Un goéland fait sa ronde. Les nuages sont des barreaux que ne traverse qu’une lumière diffuse. La ville s’étire en falaise. Quelques restaurants offrent des menus à bon marché sous la lanterne qui clignote. Les passants font les cent pas en attendant d’y voir plus clair. Les pêcheurs remontent les filets. Heures absentes, l’éternité a pris les chemins de traverse. Le bout de la rue est en feu, les charognards ont pris position. Silence d’automne ; le bruissement du vent me glace le dos. Les volets claquent et les chiens effrayés se sont mis à courir. Mon imperméable s’est déchiré contre les rochers mais je suis couvert de feuilles et je marche. Je ne saurais éviter cette lumière, je ne saurais regarder ailleurs. Tout mon corps est porté naturellement à ne suivre qu’une trajectoire. Mon esprit n’est occupé que par ce point. Tout mon être semble à cet instant n’être fait que pour cette attention particulière. Quelque chose en moi est attiré ; ces maisons, ces passants, ces voitures, cet air soudain glacial, rien ne peut me détourner de la contemplation. Tout retour en arrière est un arrêt du temps.

 

© Daniel Brochard. Poème publié dans Poésie sur Seine, n° 63, décembre 2007.

 

Association Poésie-sur-Seine. 13, place Charles de Gaulle. 92210 Saint-Cloud.

Abonnement : 25 euros. Moins de 25 ans : 16 euros.

Catégories : En revues Lien permanent

Les commentaires sont fermés.