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  • Je ne suis pas ce reflet...

    Je ne suis pas ce reflet menteur dans le miroir. La vision s’évanouit tellement elle est absurde. Je préfère de loin cette lumière dont je suis fait et qui ne préjuge pas de moi. Mais alors de quoi suis-je fait ? De mots, de sens aussi insignifiants les uns que les autres. Et si je ne suis pas moi, alors c’est que cette lumière aussi me trompe. Je suis un vent qui souffle sur ton coeur.

    ***

    L’air d’un songe, nous traversons les rues désertes. Levons les yeux vers la lumière nocturne et son cortège de sens. Nous partons vers ces champs d’étoiles, révolte au poing. Un voile aveugle rend le monde insipide. Je rêve.

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    © Daniel Brochard. Poèmes publiés dans L'arbre à paroles, n°121, septembre 2003.

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  • Traversées, n°50

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    Il faut saluer l'éditorial de Patrice Breno, dans ce numéro de « Traversées », dont je cite avec son accord le dernier paragraphe :  « Il faut écrire davantage, mais parfois autrement, ne fut-ce que pour éveiller la conscience des peuples qui vivent dans l'opulence et ne daignent pas jeter un regard sur ce massacre d'innocents incessant et journalier. Il faut oser voir ce qui se passe ailleurs, il faut oser entendre ces voix qui viennent d'outre-cauchemar, et pas forcément dans son propre jardin. Il faut oser déranger... et s'ouvrir aussi à ces témoins du pire ! » . Voilà résumé tout un programme pour donner un sens (social) à l'écriture. Le poète, à un moment ou à un autre, est appelé à sortir de son grenier, à ouvrir les yeux sur ce monde bien plus tragique et torturé que son esprit. Breno nous rappelle que la poésie est destinée à traverser les frontières. Donner un sens à une expérience individuelle est forcément se confronter à la réalité. Dans sa dimension sociale le poète n'est plus seulement le héraut de ses propres sentiments. Il n'est pas non plus destiné à être le grand Transparent, le refoulé, le banni. Une part de lui-même est appelée à vivre ailleurs, autrement. L'incarnation du Verbe par l'écriture est aussi l'incarnation de soi dans la réalité. Il y a un déplacement à faire qui concerne chacun, pas seulement le poète ou l'éditeur de revues. Le poète est appelé à (re)devenir homme. Cet exercice n'est pas le plus facile. Il n'est jamais facile d'assumer des choix, de tenir des convictions. Mais la poésie n'est-elle pas cette traversée, cette volonté de revenir à la réalité du monde, à ses essences ?

    On trouve des pépites dans ce cinquantième numéro de « Traversées », et qui viennent de tous les horizons : Belgique, Congo, Iraq, Suisse, Corse, France, Argentine et Iran. Les textes sont de  : Paul Mathieu, Fiston Nasser Mwanza Mujila, Patrick Tankama, Alfrid Samaan, Catherine Roussy, Pascale Giovannetti, Rome Deguergue, Eric Dubois, Daniel Chirom, Aurélie Z Noel, Guy Ferdinande, Mohammad Ziar, Jacques Taurand, Patrick Joquel. A noter les nombreuses chroniques de livres. Mohammad Ziar nous offre une merveille venue d'Iran : « L'allée de mes souvenirs »... On pense aux « mille ans » de Baudelaire, à « l'édifice immense du souvenir » de Marcel Proust... et pourtant tout est résumé en quelques vers ! Ce poème ouvre les portes de la perception pour un voyage à l'intérieur de l'esprit, réplique du monde, où rien ne s'oublie, où la perception devient le monde lui-même ! Ici, on se promène parmi les éléments simples, « les feuilles d'automne », dans « l'humide espace matinal », au pied de la montagne... On rencontre « l'enfant fleuriste », le « marchand de journaux »... Et, « les mains dans les poches » on se promène dans cette réalité noyée dans l'irréel. Où est l'endroit ? Où est l'envers ? Sommes-nous dans un songe ou bien dans le monde ? Aucun moyen de le savoir ; le poème laisse libre la double interprétation. En quelques mots, Mohammad Ziar explore des dimensions importantes de l'esprit en nous en livrant quelques clefs. Il donne de cet esprit une image que nous pourrions qualifier d'universelle. Ainsi sont retracés les souvenirs et les histoires. Ainsi chacun reste-il attentif au monde, à ses blessures et à son merveilleux.

    La poésie est comme cela, elle offre des trésors inestimables, des sensations qui vous suivent et vous portent, des rencontres dans des lieux insolites ou reculés. Elle tend à explorer un noyau central afin de donner du sens à nos vies, à nos engagements. Elle nous donne de l'énergie afin que nous puissions trouver notre propre vérité et non celles imposées par le monde. C'est pour cela qu'elle sera toujours ici, en Iran ou ailleurs. C'est pour cela que nous serons toujours appelés à marcher avec elle, par des chemins qui seront toujours détournés mais qui à la fin nous ramèneront à la même lumière. On peut croire encore en elle, puisqu'il n'y a pas de Dieu, pas de Vérité et pas de réponses à nos questions existentielles. On peut toujours se rattraper à ce mensonge, un mensonge qui pourtant dirait la vérité.

    Abonnement à Traversées : 4 numéros, 12 euros (Belgique) ou 15 euros (étranger). Pour la France, envoyez un chèque à l'adresse ci-dessous libellé au nom de Colette Herman".

  • Sous le duvet...

    Sous le duvet du parapluie se tient le guetteur. L’éclat du cristal ressemble à la ligne de tes yeux. Le chevalier en armure s’est forgé une épée de ronces et de flanc de sauterelle. Après la révolution technologique viendra l’ère spirituelle. La clairvoyance est une faculté giratoire. L’ascendance des lumières est aussi forte que l’encombrement des rues un vendredi soir. Nos lacets défaits, nous ne pouvons que buter sur le tronc d’un platane. Il n’y a pas que les automates qui soient dépourvus de raison. Nous sommes aussi vides qu’une maison hantée. Et le sommeil a des profondeurs abyssales.

     

     

    © Daniel Brochard. Poème publié dans L'échappée belle, n°11, novembre 2003.

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