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NGC 581 - Page 3

  • Fin

    NGC 581 a fermé ses portes. La nébuleuse étend ses filaments au-delà d'autres aurores boréales. La constellation continue son chemin ailleurs. Il convient de se taire face à l'immensité de l'Univers, de retrouver l'innocence des premiers âges. Les incessants rebonds sur l'océan se sont mués en fantômes de sel. Le soleil a étiré ses rayons pâles. La poésie a donné jusqu'à ses plus profondes racines. Les mots sont devenus autant d'images projetées sur l'écran de nos nuits. La longue suite douloureuse s'est transformée en un vaste espoir pour d'autres horizons. Rêvons maintenant à d'autres voyages, à d'autres écumes. Imaginons d'autres continents, d'autres retours vers la montagne. Le voile violent du monde aura eu raison de notre enfance salée. La longue litanie des années se sera perdue dans les recoins du ciel. Ah ! la rage des existences meurtries, dans l'obscurité continue de la nuit ! Il y a tant de mondes et de continents ! Alors, tout reprendre à zéro. Avec de nouvelles racines. L'arbre sera toujours ici, éternel, même lorsque nous aurons disparu de cette terre ! Alors, les champs infinis du ciel ! Les coraux que nous extrairons de l'océan primitif ! Ce n'est pas grand chose d'être soi... mais tant d'hommes avec nous ! La longue attente des mots qui se pressent... mais rien ici sans toutes les âmes du monde ! Je reçois la détresse de l'homme debout dans les champs de Siam. Je reçois la désespérance du paysan du Bangladesh, la douleur des hommes meurtris par la guerre et celle de tous les génocides. Ma pauvre existence ! Ma pauvre âme ! Ma pauvre gueule de bois dans les matins brumeux. Ma pauvre gueule d'artiste planqué derrière son maquillage à la télé ! Finalement, quoi de l'agitation, de nos prestations liquidées dans la crasse de l'Histoire, ma gueule béante dans les fumiers du monde ? Je vends ma gueule au plus offrant. Je brade mes neurones gratis dans les bars et le vomi. Je suis à la rue ! Je vous demande l'aumône ! Je suis nu, je suis en haillons ! Allons, quoi... je vais bien finir par fermer ma gueule ! Je vais bien finir par la voir cette foutue nuit sans étoiles ! Pas ici. Pas maintenant. La nuit est toujours noire. Il y a toujours les arbres, les oiseaux, le soleil.

  • Multiples n°73

    Multiples73.jpgLa revue Multiples, sous la direction de Henri Heurtebise, vient de faire paraître son 73ème numéro : Découverte - 13. Une édition spéciale jeunesse avec le « groupe des 13 », « jeunes poètes parisiens, publiés le plus souvent par la librairie-galerie Racine » qui oscillent entre 28 et 39 ans. Je remercie vivement Henri Heurtebise qui publie aussi, dans ce numéro, 16 poèmes extraits de Parmi les ténèbres, un de mes recueils inédits. Multiples tient ses promesses de diversité avec ses textes de tous styles, comme par exemple avec News de Sylviane Cernois qui dévoile un travail conséquent sur le langage (« Civils civières blessures blessés bleus bosses balafres / Cicatrices corps couverts criblés de balles coups de canon / Frappe frappe francs-tireurs flagelle les dos les poitrines coups de fouet ») et Comme neige de Jean Pichet qui brille de la force concise de ses haïkus (« Une porte entr’ouverte, et nous voici au seuil de l’inconnu » ; « La tristesse et la joie fréquentent les mêmes profondeurs »). Dans Poèmes, Gérard Uniack nous offre des images chocs, des scènes de vie, comme : « Les hauts-parleurs mugissent / « le train ne prend pas de voyageurs, / les trains ne prennent plus de voyageurs » », et encore : « dimanche résonne de rues vides / et de voix au fond des cours ». Avec Entre ta voix et ma voix la malachite noire de la voix d’une morte, Christian Saint-Paul s’intéresse à l’énigme de la parole : « Le portail de ta voix / s’ouvre / aux dimensions de mes mots »… Sans oublier le A suivre dédié à Georges Henri Le Garff, et les notes de lecture.

    Quelques citations glanées à la lecture des poèmes du « groupe des 13 » dans ce numéro de Multiples :

    Sébastien Colmagro : « Je suis un contretemps / J’ai la rage ancestrale / Besoin de tacher les murs de rêves » ; Cédric Rognon : « battement de ciel dans l’œil nu / la vie en moi se détache du rien des jours » ; Emmanuelle Favier : « La flaque grisonnante s’étale autour de pierres / usées par la fantasque assise du ciel » ; Claire Boitel : « la peau de l’œil s’étire vers des rêves / comme un enchevêtrement de ronces et des fruits » ; Ludovic Tournès : « La chambre gonfle, enfin, détruite enfin, / jonchée de présents rouillés » ; Virginie Reiffsteck : « Villes grises traversées de brouillard » ; Nicolas Cariven : « J’aime voir la longue file des voitures qui sortent / des usines et se dirigent vers les collines et la / rivière paresseuse » ; Lionel Lathuille : « Ecran total sur tes yeux / Une rivière dans la bouche / Couper des fils rouges avant la pluie » ; Ivica Hénin : « Je ne suis pas un vaurien / Mais un clown dont les bras trop courts / Ne peuvent saisir ce qu’offre le monde » ; Adrien Leroy : « Dépiauté de ses peaux mortes / l’amour me fait la gueule » ; Estelle Dumortier : « J’ai eu tout de suite envie de m’occuper de ton sexe / Dans un élan de géographe, de métronome, de sève » ; Claire Gouzy : « Quelque chose me parle de toi, de ton songe évanoui au cœur des forêts » ; Yann Robert : « allongée, ton corps nu / sur le linge blanc du sommeil / l’âme à ciel ouvert ».

    J’invite les lecteurs à découvrir ce numéro 73 de Multiples, à commander un numéro ou à s’abonner. Lire une revue de poésie permet de découvrir d’autres écritures, d’ enrichir la sienne ; s’abonner c’est aussi permettre à une revue de vivre à travers le temps et aux poètes d’exister.

    Multiples, c’est aussi 31 numéros de « Fondamente », de quoi se donner un vaste horizon de la poésie aujourd’hui.


    Le numéro de Multiples : 15 euros.
    Abonnement ordinaire à Multiples (3 numéros) : 36 euros.
    Abonnement couplé à Fondamente :    3 numéros de Multiples + 1 Fondamente : 44 euros.    3 numéros de Multiples + 2 Fondamente : 50 euros.

    Ecrire à Henri Heurtebise – 9, chemin du Lançon – 31410 Longages

  • Derrière le voile de cendres et de feu...

    Derrière le voile de cendres et de feu que l’on déchire du doigt, sous un ciel chargé de pierres telle une pluie volcanique, sous l’amas vaporeux de la conscience qui n’est qu’un parapluie en flamme, il n’y a pas d’heure pour les compromissions. J’ai vu tout à l’heure un ange passer et ses yeux étaient injectés de sang. Je me suis perdu dans les forêts lugubres, trompé par de vierges parchemins et l’incendie des grandes villes a brûlé ma chevelure. Les inscriptions sur les pierres blanches ont scellé mon testament. Je n’aurai plus de regard envieux vers les albatros. Je ne me reposerai plus le soir au clair de lune. Je ne serai plus qu’un long fleuve d’ennui. Je n’ai plus de force pour porter ma peine. La nuit, j’ai tant de haine ! Il n’y a pas de rivage, ni de plages de galets assez immenses pour l’étendue de mon désespoir.

    © Daniel Brochard. Poème publié dans Multiples, n°73, octobre 2008.

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